Par Marie Jégo et Benoît Vitkine
Entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, l’entente brutale
Publié le 21 mai 2021 à 15h26 - Mis à jour le 23 mai 2021 à 13h36
ENQUÊTEL’un est calculateur au sang froid, l’autre tribun exalté. Mais les présidents russe et turc ont en partage leur aversion pour l’Occident et leur soif de pouvoir. Héritiers d’empires rivaux, tous deux tirent aujourd’hui parti de leur relation.
Dans l’un des nombreux vestibules du Kremlin, la forteresse symbole du pouvoir russe, une délégation turque conduite par le président Recep Tayyip Erdogan attend d’être reçue par le maître des lieux, le président Vladimir Poutine. En ce jeudi 5 mars 2020, les Turcs sont nerveux. Huit jours plus tôt, 34 de leurs militaires ont été tués, victimes d’une frappe aérienne dans la province d’Idlib, dernier fief de la rébellion contre Bachar Al-Assad dans le nord-ouest de la Syrie. La bombe – un engin à guidage laser – était russe ; elle a pulvérisé le bâtiment où les soldats s’étaient réfugiés, après un bombardement sur leur convoi. La tension entre Ankara, protecteur des rebelles syriens, et Moscou, principal allié de Damas, est à son comble.
Le malaise des hôtes turcs est palpable. Les visages sont crispés, les regards se portent machinalement sur les portraits qui ornent les murs, ceux des généraux tsaristes tombeurs de l’armée ottomane lors des multiples conflits qui ont opposé les deux empires. Las, Erdogan s’écroule sur une chaise. La délégation est enfin invitée à entrer dans la pièce où Vladimir Poutine reçoit. Le décor est soigné. Sur une cheminée de marbre trône une horloge mettant en scène la victoire de l’armée tsariste sur la Sublime Porte dans les Balkans, en 1878, tandis que sur la droite domine la statue de l’impératrice Catherine II, qui arracha le khanat de Crimée à l’Empire ottoman en 1783.
https://www.lemonde.fr/international/article/2021/05/21/entre-poutine-et-erdogan-l-entente-brutale_6081047_3210.html
TRADUCCION DE GOOGLE
Entre Vladimir Putin y Recep Tayyip Erdogan, el brutal entendimiento
INVESTIGACIÓN Uno es calculador de sangre fría, el otro exaltado tribuno. Pero los presidentes ruso y turco comparten su aversión a Occidente y su sed de poder. Herederos de imperios rivales, los dos ahora están construyendo sobre su relación.
En uno de los muchos salones del Kremlin, el símbolo de la fortaleza del poder ruso, una delegación turca encabezada por el presidente Recep Tayyip Erdogan espera ser recibida por el anfitrión, el presidente Vladimir Putin. Este jueves 5 de marzo de 2020, los turcos están nerviosos. Ocho días antes, 34 de sus soldados murieron en un ataque aéreo en la provincia de Idlib, el último bastión de la rebelión contra Bashar Al-Assad en el noroeste de Siria. La bomba, un dispositivo guiado por láser, era rusa; pulverizó el edificio donde se habían refugiado los soldados, luego de un bombardeo en su convoy. La tensión entre Ankara, protectora de los rebeldes sirios, y Moscú, el principal aliado de Damasco, está en su apogeo.
El malestar de los invitados turcos es palpable. Los rostros se contorsionan, las miradas se dirigen automáticamente a los retratos que adornan las paredes, los de los generales zaristas que cayeron en el ejército otomano durante los múltiples conflictos entre los dos imperios. Por desgracia, Erdogan se derrumba en una silla. Finalmente se invita a la delegación a entrar en la sala donde recibe a Vladimir Poutine. La decoración es cuidada. Sobre una chimenea de mármol se encuentra un reloj que representa la victoria del ejército zarista sobre la Sublime Porte en los Balcanes, en 1878, mientras que a la derecha domina la estatua de la emperatriz Catalina II, que arrancó el kanato de Crimea al Imperio Otomano en 1783.
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